Comment expliquer le miracle coréen ?

Séoul, la capitale

Aujourd’hui, la Corée du Sud fait l’unanimité. Comme son voisin Japonais, elle est adulée de tous et est l’un des pays les plus médiatisés. Déjà d’une de par ses productions musicales comme Blackpink ou BTS et visuelles comme Parasite ou de nombreux K-Drama. Mais c’est bien plus que ça ! Sa gastronomie et ses produits de beauté sont renommés dans le monde entier. Bref, aujourd’hui on n’imagine pas la Corée du Sud rimer avec qu’autre chose que “Modernité”.

Mais qui aurait misé sur ce petit pays, fracturé et faisant parti des pays les plus pauvres du monde avec un PIB par habitant de 92 dollars en 1960 ? Pas beaucoup, et surtout pas une telle ampleur. En seulement quelques décennies, le peuple coréen s’est unifié pour dépasser les limites du possibles en transformant ces pauvres 92 dollars en 31 846 dollars en 2019.

Quand d’autres pays n’ont pas réussi à progresser de la même manière, on est en droit de se demander : Quel est le secret de la réussite et du miracle économique coréen ?

Bref, on repart de 0.

De 0 ? Pas vraiment, on pourrait même croire que le pays partait avec un désavantage. En effet, en 1945, les coréens furent liberés de 40 ans de colonisation japonaise qui fit beaucoup de mal au pays. A un tel point que certains comparent aujourd’hui le drapeau impérial japonais au drapeau nazi. Et en même temps comment ne pas leur en vouloir ? Les coréens devennirent de force des sujets de l’empereur et de l’empire. Leur langue et leur culture furent totalement effacées, à l’école, seul le japonais fut enseigné. Les manifestation furent écrasées et ne furent que de nourrir une forte rage envers les japonais.

En 1950, rebelotte. Comme si ce ne fut pas assez, le sud entra en guerre avec le nord. Résultat : en 1953, le pays est en ruine. Plus d’écoles, plus de routes, plus d’usines, rien. Sans même compter le bilan humain qui est déplorable, de nombreuses familles sont séparées et le nombre d’orphelins explose.

Ville totalement réduite en cendre par les bombardements durant la guerre de Corée (1950-53)

Le plan de relance économique

La tâche fut rendue très compliqué pour la Corée du Sud qui, privée de sa partie Nord, se retrouve également privée du plus gros de ses ressources naturelles. D’ailleurs, à l’époque le Nord s’en sortait mieux que le Sud. Mais le nom d’un homme est souvent cité quand on parle du miracle coréen : Park Chung Hee.

Park Chung Hee (1917-1979)

Il prit le pouvoir suite à un coup d’état en 1961. De 1962 jusqu'à sa mort en 1979, il instaura une dictature, souvent critiquée, mais aussi encensée car il est à l’origine du développement économique du pays. Il incarne à la fois la partie sombre et lumineuse du pays.


Pour l’aider, les USA lancent un plan d’aide basé sur “Les 3 produits blancs” : la farine, le sucre et les oeuf. Et non raté, le coton ! Cela semble un peu tiré par les cheveux et pourtant, la Corée est devenu pendant un temps le plus grand producteur de perruque du monde , équivalent à 10% de son PIB.

C’est d’ailleurs à cette période là qu’est né Samsung, dans la sucrerie Cheil Jedang à Busan !

Alors qu’on pourrait croire que la pente est trop pentue pour être remontée, Park Chung Hee élabora des plans de relance pour les 5 prochaines années. Cela consitait d’abord en un développement accru de la pétrochimie, mais surtout de l’acier. Domaine dans lequel, il excellait assez pour subvenir à ses propres besoins. En ressort une des plus grande aciérie du monde, POSCO. Sans oublier de développer le réseau routier pour soutenir le transport de marchandises dans tout le pays, on inaugurait d’ailleurs la “Gyeongbu” en 1970, la première autoroute du pays reliant Séoul à Busan.

Coréens travaillant dans des mines, en Allemagne en 1972.

Cela c’est quand même fait au prix d’une génération totalement sacrifié qui travaillait sans limite, quand ils n’étaient pas envoyés travailler dans des mines d’Allemagne de l’Ouest ou d’Arabie Saoudite. De nombreux pères et frères se sont ainsi dévoués pour aller travailler dans d’affreuses conditions pour apporter des monnaies étrangères à leur pays. Les Droits de l’Homme ont d’ailleurs été bafoués bien plus d’une fois, c’est pourquoi de nombreux soulèvements éclatèrent quand ce n’étaient pas des immolations publiques comme celle de l’ouvrier Jeon Tae Il en 1970.

La Corée du Sud élargi petit à petit sa production à l’autombile, mais uniquement à destinations de l’occident. De grandes entreprises émergent, comme Lucky, une marque de savon et Goldstar, de télé. Elles sont aujourd’hui beaucoup plus connues, sous le nom et le même logo… celui de LG ( Lucky-Goldstar. Et oui, c’est subtil ).

Cette période est aujourd’hui un lointain souvenirs pour beaucoup, et pour d’autres un évènement qu’ils n’ont vu que dans leurs livres d’Histoire. Cependant, les Coréens intègrent une idée qui est aujourd’hui leur plus grande force : Si l’on travail assez dur, tout est possible.

Révolution de l’éducation

Après la guerre qui finit en 1953, l’éducation aussi au ras des pâquerettes. Pendant les 35 ans de colonisation japonaise, la culture coréenne est effacé, plus de langue et plus d’écriture coréennes non plus. C’est inévitable, la Corée du Sud enregistre un taux d’illetrisme encore jamais vu.

Mais comme dit précédemment, à partir de cette période, les coréens sont contraints de travailler d’arrache-pied et acquièrent un mental à tout épreuve et un goût du travail dur qui va leur permettre de cette fois-ci, mettre tout leurs efforts dans les études. Les étudiants avaient une soif d’éducation qui les ont pour certains menés à la tête de grandes entreprises, d’où la formation d’une élite coréenne.

De son côté, le gouvernement de Chung Hee fait tout pour former des enseignants, créer des manuels, réformer l’enseignement et développer le supérieur. On ne peut pas dire que ce soit peine perdu, aujourd’hui 80% des coréens vont à l’université et 66% des adults sont diplômés, soit le plus haut score selon l’OCDE. En comparaison, la France est à 41%.

Et on ne peut pas dire que ce soit réellement une surprise quand on sait que l’éducation, en particulier l’enseignement supérieur est un sujet délicat chez certaines familles. Elles mettent souvent une pression monstre sur les épaules de leurs enfants pour qu’ils intègrent les universités les plus prestigieuses comme celle d’Ewha, Yonsei ou Kyung Hee. Cette pression se ressent particulièrement lors du “Suneung”, leur baccalauréat national. Pour obtenir les meilleurs notes, il est devenu normal de prendre des cours du soir, quitte à moins profiter de sa jeunesse. Et si vous pensiez que cela ne concerne que l’enseigment supérieur, détrompez vous ! Des sélections existent dès la maternelles pour faire entrer votre enfant dans l’école maternelle la plus réputée, et ainsi de suite..

La Corée du Sud aux portes de la démocratie ?

A partir de 1979, date où Park Chung Hee est assassiné par la CIA Coréenne, tout va aller très vite. Il est remplacé par Chun Doo Hwan qui va instaurer une loi martiale impitoyable, qui va elle même mener à de nombreux soulèvement, comme pendant cet été de 1980 à Gwangju. De nombreuses autres affaires éclatent au grand jour, comme cet étudiant torturé à mort en 1987. Suite à cela, Doo Hwan abdique et accepte d’organiser des élections démocratiques.

N’étant plus soumis à la censure, la culture du pays se développe à grande vitesse. C’est dans ces années qu’ai né son Soft Power qui fait fureur aujourd’hui. Les prémices de la K-pop apparaissent avec le 1er boys band Seotaeji and Boys en 1991. C’est un véritable coup de maître dans l’industrie musicale, qui à l’époque, se limite uniquement à des chansons traditionnelles et des balades. C’est le début d’une Corée fortement influencée par les Etats-Unis, cependant on est loin de la success story habituelle d’un groupe d’amis faisant de la musique dans leur garage et se produisant sur des petites scènes locales en essayant de percer. Et oui, contrairement à la jeunesse américaine, les coréens n’ont pas profité d’une aussi grande liberté culturelle. Ducoup, les “idols” sont recrutés et formés par des agences dédiés.

En 1988, le pays se voit donné une chance inespérée de briller sur la scène internationale. Et oui ! L’heure est au Jeux Olympiques d’été de 1988, qui est un énorme succès et la Corée du Sud commence doucement à se glisser dans les têtes des occidentaux qui découvrent le pays sur leurs écrans. La coupe du monde de 2002 vient enfoncer le clou, la Corée termine 4e, une premiere ! Ces deux évenèment sportifs ont largement participé à l’instauration d’un dialogue entre la Corée et le Monde, tout en renforçant la fierté coréenne présent dans le cœur de chacun.

Le début des années 2000 et les réseaux sociaux

La Corée à aussi énormément profité de l’avènement d’Internet au début des années 2000, sans quoi la K-pop, les K-Dramas ou la K-Food n’auraient jamais eu autant d’impact. Si ceux-ci étaient déja disponible sur les télés de certains pays d’Asie, comme le Japon, il faudra attendre l’arrivée d’une connexion de l’ampleur d’Internet pour commencer à voir émerger la culture coréenne en occident. A l’époque, où les seuls mentions du pays sont toujours corrélées aux lancements de missile de son voisin du nord. La culture coréenne reste un domaine réservés aux vrais passionnés de la première heures qui se partagent les liens de leurs drama préférés sur des forums et ils commencent à ériger certains artistes en célébrités internationales. C’est le début de la 2nd génération de la Kpop ! BoA, Super Junior ou encore Girl’s generation.

Les K-Dramas eux aussi commencent à se populariser, c’est le cas de séries aujourd’hui iconiques : Boys over Flower, Secret Garden ou encore Coffee Prince. Les acteurs deviennent aussi connus que les idols de K-pop, vous connaissez d’ailleurs sûrement Lee Min-Ho, Gong Yu et Yun-Bin. Aujourd’hui on ne les présentent plus, mais à l’époque ils faisaient à peine leurs débuts à la télé.

Les réseaux sociaux ont eux aussi démultiplié le rayon d’action du Soft Power coréen. D’abord YouTube sur lequel les Vlogs de voyage sont devenus populaires, une véritable fenêtre sur la Corée pour beaucoup d’amoureux de la culture asiatique et qui ont poussé beaucoup de Youtubeur à s’expatrier. Instagram et Twitter ont ensuite été un énorme boost, où les amoureux de la K-pop et de Drama ont pu se rassembler, discuter ensemble et suivre leurs stars préférées.

BTS est devenu le fer de lance de cette industrie culturelle, le groupe de renommé mondiale est même allé à la White House et à fait un discours à l’ONU. Ils sont tellement influents qu’ils rapportent à leur pays plus de 3.6 Milliards de dollars à eux tout seuls.

Aujourd’hui ?

De plus en plus partagent leur expatriation ou leur voyage dans la péninsule et le pays subit un véritable phénomène de mode sur Instagram et Tiktok, à un tel point qu’on pourrait parler de surmédiatisation. La Corée du Sud est partout : de plus en plus de dramas sont sur Netflix, les cosmétiques coréens se vendent comme des petits pains et les barbecues coréens pullulent à Paris et dans les grandes villes du monde.

En quittant le domaine culturel, la Corée se démarque dans les technologies et l’automobile avec des constructeurs que vous connaissez tous : Samsung, LG, Hyundai ou KIA. C’est simple le seul moyen de ne pas connaître la culture coréenne sous toute ses retombées, c’est de vivre dans une grotte, ni plus ni moins.

Bref bref… vous l’aurez compris mais la Corée du Sud peut se vanter de sa réussite économique et culturelle, tout simplement car c’est un retour normal des choses, pour un peuple et un pays qui a temps souffert de la guerre et de l’occupation. Mais cette hargne et la fierté qu’a bâti le peuple coréen dans la souffrance n’a qu’été un pas en arrière de plus pour mieux prendre son élan, qui l’a propulsé aujourd’hui au sommet du monde.















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